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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 06:14

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Bien que cela apparaisse à première vue un brin provocateur, (le sujet n’a jamais été abordé), nous pensons que les émigrés africains [notre étude s’intéressera au cas spécifique de nos compatriotes congolais], ne sont pas exempts de reproches quant à la persistance de la xénophobie en Afrique du Sud, fusse-t-il à titre implicite. Nous avions eu à aborder dans la première partie de cette série d’articles tour à tour les causes exogènes et endogènes de la xénophobie dans la "Nation arc en ciel". Nous en venons à présent à la part des émigrés africains eux-mêmes. Voici la première.

 

 

 

 

Le poids économique des émigrés congolais n’est pas connu.  Dans le monde matérialiste qui est le nôtre, la valeur d’une personne – et par-delà d’une communauté – ne se mesure que de par ce qu’il représente économiquement. En guise d’exemple, prenons le cas des Blancs sud-africains. Peu nombreux soient-ils, ce n’est pas un secret de polichinelle de savoir que ce sont eux qui sont aux commandes de l’économie. Par conséquent, ils sont considérés et respectés.  

 

 

S’il n’est pas aisé de déterminer le chiffre exact de la colonie congolaise au pays de Mandela (sans doute se chiffre à quelques centaines de milliers), une chose est cependant sûre : de par le nombre de ses membres actifs sur le marché  de l’emploi local et de ses effets d’entrainement, c’est une valeur sûre, à ne pas négliger. Voyons comment.

 

 

 

Tous ces milliers de personnes sont consommatrices des produits vendus dans les grandes surfaces ou ailleurs, ils sont usagers de transport public et privé, utilisent les téléphones portables ou fixes. Presque tous sont locataires et paient souvent des prix prohibitifs [environ 200$ par chambre de 4mx5m]. N’oublions pas qu’en tant qu’employés, ils paient des taxes au Trésor public sud-africain. Qui oserait nier l’impact économique de cette colonie sur le marché local?

 

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Mais une chose est d’avoir un quelconque poids économique, une autre est de le faire savoir. C’est là que se trouve le problème. A ce jour, aucune évaluation chiffrée et détaillée de leur apport économique n’a été effectuée. Ce qui ne peut que leur être préjudiciable, et a tôt fait de les amener à être perçus à tort comme quantité négligeable, ou – osons le mot – "des profiteurs".

 

 

 

L’importance d’une pareille étude c’est de faire valoir ce qu’apportent les congolais à l’économie nationale et par

conséquent – comme dans le cas des Blancs sud-africains – les autorités y penseraient deux fois avant de chercher à se débarrasser d’un tel apport financier. Qu’arrive le jour où les membres de la communauté sont inquiétés par la Police ou par d’autres personnes, les autorités politiques, bien au fait de leur impact sur l’économie locale, viendraient elles même au secours. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, malheureusement.

 

 

 

Défis à relever ? Que pareille étude soit longue et difficile ne devrait effrayer ni décourager les uns et les autres. Personne ne le ferait à leur place. Après tout, ce ne sont pas les atouts intellectuels qui manquent au sein de la diaspora congolaise en Afrique du Sud : il y a des professeurs d’université, des chercheurs en sciences sociales, des médecins, des avocats, des membres des ONG, des étudiants, des journalistes, des politiciens, etc. Avouons que cela n’est pas peu. En plus, il est possible de trouver des financements sur place pour diligenter une telle recherche.

 

 

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Appelez cela responsabilité par omission ou négligence, mais c’est quand même une responsabilité de la communauté congolaise installée en Afrique du Sud. Aussi, tant que ce déficit de prise de conscience fera défaut et que beaucoup seraient empêtrés dans des querelles de chapelles politiques ; tant qu’ils exporteront dans leur pays hôte les controverses qui les divisent au pays et que chacun se préoccupera davantage de son confort personnel et celui de sa propre famille, la communauté congolaise restera toujours la cible des xénophobes les plus virulents sans que personne d’autre ne lève la main pour lui venir en aide. (A suivre : Une diplomatie complexée)

 

 

 

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commentaires

M
<br /> Great post. Keept it up, man. You will eventually wake up the community from its torpor.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mybro, Capetown<br />
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K
<br /> Merci de nous reveiller, cher Emmanuel. Personnellement je n'avais jamais pense a cet aspect de chose. Comme tous les autres, je ne faisais que me plaindre d'etre victime de xenophobie. Pourtant,<br /> tu demontres, preuve a l'appui, que nous avons une responsabilite dans ce qui nous arrive. C'est un article courageux et qui va a contre-courant des idees preconcues. Qu'on l'accepte ou pas, la<br /> visibilite d'une communaute comme la notre doit etre chiffree en Rands ou Dollars. Notre respectabilite est a ce prix.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Kima-ki-Mosi, Brooklyn, Capetown<br />
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V
<br /> J'ai un projet de poursuivre mes etudes en Afrique du Sud. Je visite souvent votre blog qui m'apprend beaucoup sur les realites de ce pays. La plupart de gens ne rapportent que des details, sans<br /> entrer en profondeur comme vous le faites. Merci pour ces informations fort utiles. Jene serais pas surpris quand je serai sur place.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vieux, Kintambo/Magasin, Kinshasa<br />
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P
<br /> C'est qu'il faut faire c'est d'encourager les jeunes congolais qui sont inscrits a l'UNISA, Capetown University ou d'autres universites de Pretoria ou de Jobourg de travailler dessus. Vous avez<br /> bien fait d'y penser. Un bon sujet de memoire de licence en tout cas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Paluku, Yeoville, Jobourg<br />
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M
<br /> Article fort interessant, que j'apprecie a sa juste mesure. Certes il est critique a cause de notre paresse intellectuelle (vous n'utilisez cependant pas le mot), mais c'est de cela qu'il s'agit.<br /> Une fois une telle etude faite et publiee, nous ne serions plus percus comme nous le sommes aujourd'hui: juste des parasites.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> MarieJeanne K., Kensington, Capetown<br />
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