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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 14:54

 

 

http://www.atlasinfo.fr/photo/art/default/3532149-5088050.jpg?v=1323470642

 

Circulez, il n y a rien à voir ! Ni les nombreuses allégations de "fraudes massives" ayant émaillées les élections présidentielles et législatives du 28/11/2011, ni la déclaration des évêques catholiques (CENCO) qualifiant le scrutin de "honte", ni le Rapport final de la Fondation Carter qui le trouve "pas crédible", ni même le fait qu’ environ 70 jours après la prestation de serment par le président-élu un nouveau gouvernement n’est toujours pas en place ne semblent émouvoir le moins du monde Joseph Kabila. Au contraire, ses partisans, imperturbables, défilent réciter leur oral à l’émission de la station onusienne Radio Okapi "Dialogue entre Congolais" : "Il n’existe pas de crise politique en RDC puisque", déclarent-ils, "les institutions fonctionnent normalement" ! Les tentatives de l’opposition d’impliquer la communauté internationale ayant accouché d’une souris, le contentieux né des dernières élections est devenu une crise à huis clos, sans témoins extérieurs. Voyons-en les raisons.


Une loi électorale prémonitoire ? Avant les élections, l’opposition avait formulé la requête de voir accordée à la MONUSCO la responsabilité de certifier les résultats des élections, à la manière du rôle dévolu à la MONUCI en Côte-D’ivoire l’an passé. Sans surprise, c’est une fin de non-recevoir qui lui fut réservée. Raison officielle invoquée : "refus de brader notre souveraineté nationale". Venant de la part d’un gouvernement prompt à solliciter et à recevoir de l’aide de la part des partenaires extérieurs, seuls les naïfs pouvaient croire à la sincérité des sentiments. Cette hypocrisie des autorités cachait à peine leur intention de procéder au tripatouillage électoral, ce qui fut d’ailleurs confirmé plus tard à la lecture de nombreux rapports des observateurs impliqués dans ledit processus.


Avec une CENI largement acquise à la cause du pouvoir et la Cour Suprême de Justice (CSJ) dont même l’ancien candidat présidentiable Kengo wa Dondo admettra sur RFI qu’il y a "déjà longtemps qu’elle avait perdu son indépendance face au gouvernement", la messe était dite pour l’opposition. Ȏ cynisme, la seule "concession" accordée à la MONUSCO se limitera à la logistique (c.-à-d. au transport du matériel électoral). Même là, les dés semblaient pipés car l’ONG International Crisis Group (ICG) reprochera à l’ONU de "ne pas s’être assuré à l’avance si les bulletins étaient pré-cochés ou non". Complicité ou négligence ? Quand on se rappelle que le 26/11/2011, dernier jour de campagne électoral, M. Meece, représentant de l’ONU à Kinshasa était étonnamment silencieux alors que le candidat Tshisekedi était encerclé par la Police à l’aéroport de Ndjili sur ordre de son rival J. Kabila, on ne peut que se demander : ceci explique-t-il cela ?


Les limites diplomatiques de Tshisekedi. Le formidable aura dont jouit E. Tshisekedi ne provient ni de l’exercice d’une fonction politique quelconque ni de l’appréciation de la communauté internationale. Au contraire, c’est le fait de sa détermination, son courage et sa constance face aux régimes politiques dont la brutalité et la corruption sont un mode de gouvernement. Cependant, ce qui fait sa force (sa capacité de mobilisation interne) fait aussi sa faiblesse. A force de se concentrer sur les rapports de force avec le pouvoir en place, il a fini par méconnaitre le rôle vital des partenaires extérieurs. Aussi la diplomatie a toujours joué un rôle secondaire à l’UDPS.


Pendant longtemps, le Sphinx de Limete s’est mure en sa résidence de l’avenue Pétunias, fréquentant et voyageant peu. D’ailleurs, ce sont des ambassadeurs occidentaux qui défilaient chez-lui. Dès lors on ne peut s’étonner de l’étroitesse de son carnet d’adresses. C’est certain que les amis politiques occidentaux de Tshisekedi ne sont pas nombreux. Encore que c’est euphémisme ! Et pourtant, Alors que Nelson Mandela était cloitré à Robben Island c’est Oliver Tambo qui dirigeait l’ANC à partir de Lusaka, gagnant toujours plus de soutiens occidentaux qui furent pression sur le pouvoir raciste Blanc. Même Laurent Gbagbo comptait de nombreux amis, lui dont le parti était membre de l’Internationale Socialiste. Aujourd’hui l’isolement diplomatique dont souffre Tshisekedi n’est que conséquence normale pour avoir longtemps ignoré les vertus de la diplomatie.


En Afrique, le gagnant gagne tout et le perdant perd tout. Sur 500 sièges disponibles au Parlement, combien en a récolté le PPRD et ses alliés : 300 ? 350 ? 400 ? Plus ? "Puisque la majorité absolue à l’Assemblée Nationale est de 280 députés, pourquoi la plateforme présidentielle ne s’est-elle pas contenté de l’essentiel mais au contraire a voulu ‘une majorité très majoritaire’ au point de vouloir tout rafler et de ne laisser que des miettes à l’opposition ?" s’interrogent nombre d’observateurs avertis, sûrs que la plupart de députés furent "nommés" par la CENI.


 La réponse tient dans cette analyse du psychanalyste algérien Abdallah Bouhamid lequel, réfléchissant sur les appétits illimités des dirigeants autoritaires qui nous gouvernent écrivait : "un être tyrannique est a tout point semblable  à un enfant qui n’a jamais quitté la phase égocentrique de sont comportement psychologique et intellectuel. Il veut tout pour lui et ne veut partager avec personne".


Cette assertion ne fait que lever le voile sur la raison pour laquelle les propres frère et sœur du chef de l’Etat congolais se sont fait "élire" députés, eux qui ont déjà tout et auxquels on ne refuse rien. Pas étonnant aussi que feu Katumba Mwanke, déjà Conseiller spécial de M. Kabila et ambassadeur venait, lui aussi (ou encore !) d’être "élu" au Parlement. En avait-il vraiment besoin, lui qui était  "la seule personnalité qui pouvait entrer chez le Président de la République sans rendez-vous" ?


La classe politique est-elle à la hauteur ? C’est face aux défis importants, pendant les périodes de crise que se révèlent de grands hommes. Le General de Gaulle l’a démontré lors de son fameux "Appel de Londres" qui réveilla le sursaut des Français alors que leur territoire était occupé par les troupes allemandes. Nelson Mandela l’a prouvé lui, alors qu’il prit seul l’initiative, du fond de sa prison de Cape Town, de contacter le gouvernement raciste Blanc en vue de préparer le terrain aux négociations  visant à mettre fin l’apartheid. Ces pas importants qu’ils firent n’étaient pas sans déchirements ni sacrifices. Pour Mandela par exemple, il y avait le risque d’être qualifié de "collabo" ou "traitre" par ses pairs de l’ANC exilés à Lusaka. Il n’empêche, leur courage et détermination débloquèrent des crises et firent avancer le monde. Et ils entrèrent dans l’Histoire par la grande porte.


En RDC par contre on célèbre l’immobilisme, sans se préoccuper le moins du monde des "dommages collatéraux" de la crise sur les 90% de la population qui ne fait déjà que survivre avec moins de 1 $ par jour. Les protagonistes campent chacun dans son camp, l’un sûr de "la légalité" de son pouvoir, l’autre se targuant de "la légitimité" de sa démarche. Entretemps le pays se trouve dans une voie sans issue.


Recherchons … Société Civile congolaise ! Un demi-siècle après l’accession de notre pays à l’indépendance, le nombre d’universitaires ne se compte plus, Professeurs d’université et chercheurs foisonnent. Mais la quantité de ces derniers implique-t-elle la qualité de notre Société civile ? Au pays, seules les ONG des droits humains (Azadho, VSV, JED, FIDH, etc.)  donnent de la voix. Mais rares sont les occasions où il nous est donné d’entendre les échos de la recherche en sciences sociales à travers les solutions que nos universitaires proposent aux multiples crises qui sévissent chez-nous. Preuve par quatre que nous avons beaucoup à faire – et que la qualité de notre recherche laisse à désirer – nos universites ne figurent pas depuis plusieurs années déjà dans le classement annuel des 100 meilleures universités d’Afrique ! 


Depuis le début du contentieux électoral actuel, de nombreuses organisations ont tour à tour proposé des pistes de solutions. Mais rien n’est venu de la part de ces nombreux analystes politiques ou Professeurs-politologues. Souvent d’ailleurs, quand ceux-ci défilent sur les plateaux de télévision là-bas à Kinshasa ou à  l’émission de radio "Dialogue entre Congolais", c’est plus pour soutenir l’insoutenable ou faire des appels de pied au gouvernement, ces tribunes leur servant de tremplin politique ! L’adage selon laquelle "on n’a que la classe politique que l’on mérite" n’a jamais été aussi véridique. Mais faudrait-il dédouaner les universitaires ? 

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