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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 12:00
http://image-photos.linternaute.com/image_photo/750/1209868402/1156079.jpg
 
 
Il y a quelque temps nous avions écrit ici même que ce blog faisait sa "rentrée". Avec le recul du temps, nous devons admettre cependant que cette affirmation était on ne peut plus prématurée.
 
Et pour cause : il nous fallait plus de temps que nous le pensions pour redéfinir la ligne du blog sans tomber ni dans la complaisance ni dans du "copier/coller". Il fallait également plus de moyens pour nous équiper afin d’être présent online non pas de façon épisodique mais régulière, histoire d’éviter des "trous d’air" (c.-à-d. des disparitions et apparitions imprévues) susceptibles de décourager les internautes qui pourraient visiter ce blog. Publier des "posts" réguliers et consistent requiert du temps matériel pour préparer les articles (en dehors de nos occupations) ; cela aussi nécessitait d’être étudié et planifié.
 
Aujourd’hui en tout cas, nous pensons que le temps est venu de faire la vraie rentrée : nous espérons être là chaque semaine. Comme auparavant, notre démarche est celle-ci : faire " une autre lecture " des évènements, qu’ils soient de chez-nous ou de la région africaine des Grands Lacs. A notre entendement, "une autre lecture" implique d’aller au-delà des sentiers battus, sans prendre parti ni jouer à l’arbitre, en s’efforçant seulement de procéder à une analyse des faits (et non pas des rumeurs). Ici, hier comme aujourd’hui, notre démarche reste la même : c’est celle d’un chercheur en sciences sociales et non pas celle d’un opposant ou celle d’un partisan au régime en place au pays. Comme vous ne tarderez pas de le remarquer, nous traiterons souvent des faits négligés par les grands media.http://lh4.ggpht.com/-lcwyRfAaAQQ/TWZSbDEhyII/AAAAAAAAEGY/CLjr4dZrTWM/RDC_201002_LAM.1086.jpg?imgmax=800
 
Désormais, puisque les migrations africaines font partie de nos champs de recherche, le sort des émigrés en Afrique australe et dans la région des Grands Lacs sera souvent à l’ordre du jour ici. De même que divers sujets liés à la vie de nos compatriotes, qu’ils vivent là-bas au pays ou dans la diaspora.
 
Tous nos sincères regrets pour cette longue attente. "YowaBlog", nous l’espérons, sera au rendez-vous chaque semaine. Nous en faisons la promesse.
 
 
 
 
 
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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 12:56

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Le Jozi que j’aime n’est pas celui des gratte-ciels qui s’alignent les uns après les autres ni celui des quartiers huppés ou de Santon, le quartier chic de Johannesburg qui attire tant de monde. Ce n’est pas non plus celui d’immenses embouteillages qui semblent ne jamais finir du matin au soir. Ce Jozi-là, je le trouve froid, déshumanisé, trop occidentalisé.

 


 

 

 

 

Le Jozi que j’aime est celui des parcs où jouent les enfants. Les entendre rire innocemment et en sécurité tout en étant assis sur un banc, lisant les quotidiens ˮ The Star ˮ ou  ˮ The Times ˮ où il est tant question de criminalité visant surtout ces mêmes enfants est un privilège que je me prive pas de goûter.

 


Sous les yeux de leurs parents, pour une fois, ils gambadent à l’abri des malfaiteurs. Ici, l’hypothèse d’un enlèvement ou d’un crime odieux est très réduite ou simplement nul. Ici, leurs parents n’ont pas le ventre noué par le stress de voir leur progéniture tomber entre les mains des criminels. Ensemble, les parents et leurs enfants savourent ces moments particuliers, sans penser à autre chose…

 


Dans ces parcs présents dans chaque quartier, de Pretoria à Cape Town en passant par Durban jusqu’à Bloemfontein, s’y côtoient plusieurs nationalités, ce qui laisse à penser que vous êtes dans une véritable arche de Noé : des Erythréens, Ethiopiens, Zimbabwéens, Gabonais, Congolais des deux rives du fleuve ou sud-africains eux-mêmes ! Quoi de plus rafraichissant que cet air qui vous fouette le visage dans une ville où le stress est à chaque coin.

 


On l’a compris, mon Jozi a moi est verdoyant comme la pelouse de ces magnifiques parcs. Ce n’est pas celui de concrete jungle, ces immenses quartiers en ciment….  C’est celui ou je peux marcher sur la route, de Yeoville au centre-ville en passant par Berea et Hillbrow, sans danger, comme si je me rendais de Matete au Grand marche a Kinshasa.

 



[i] Jozi: appellation familière de la métropole sud-africaine Johannesburg, ainsi que l’appellent les sud-africains eux-mêmes.

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 12:56

 

 

 

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Après presque un an d’inactivité, avec ce post, ˮ YowaBlog ˮ effectue sa rentrée sur la blogosphère. Cette longue ˮ disparition ˮ, quelles qu’en furent les raisons, ne nous a pas été moins bénéfique. Ce fut notamment un moment de s’arrêter et de s’interroger sur le parcours déjà effectué et envisager l’avenir sous des nouveaux auspices. Et que de leçons apprises !

 

 

Avec à l’époque une moyenne d’environ 40 visiteurs par jour, il nous revient d’abord de remercier ces internautes qui se sont arrêtés ici pour une raison ou une autre, que  ce soit de propos délibéré ou … par erreur ! Sans fausse modestie, c’était une réelle surprise car à aucun moment nous ne pensions nullement drainer autant de monde un jour !

 

 

Mais de vous ne sont pas venues que de félicitations à propos de nos articles qui ˮ tranchaient par leur ton modéré ˮ et étaient ˮ le fruit de recherche ˮ et ˮ tout sauf du copier/coller ˮ, aux dires de certains internautes. D’autres par contre nous ont reproché de ne ˮ pas être aussi neutre et objectif ˮ que nous le clamions dans le tout premier article de  ce blog, ou que nous étions ˮ très réservé et timoré ˮ dans le traitement des informations publiées.

 

 

Des changements.

 

 

Aux uns et aux autres, grand merci pour cet intérêt, source de motivation supplémentaire pour nous. Des changements s’imposaient donc. Désormais, notre démarche dans la conception et traitement des articles publiés s’apparentera à celle  d’un chercheur en sciences sociales plutôt que d’un journaliste. Comprendre les faits qui se présentent et les analyser en tant que tels, sans penser détenir le monopole de vérité, voilà notre leitmotiv. A force de piocher sur un sujet d’étude, il est possible de trouver une des pistes qui amènent à la compréhension des évènements.

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Par ailleurs, selon nos convictions, ce blog n’est pas (ou ne sera plus) politique. Mais nous chercherons avant tout à comprendre et à décrire notre sujet d’analyse, sans parti pris. Nous ne nous intéresserons pas seulement aux évènements qui forcent l’attention du grand public mais aussi à propos de ceux qui sont ignorés mais pourtant considérés par nous comme importants.

 

 

De nouvelles rubriques ont été conçues : Les mille et un métiers des Congolais, La RD Congo dans la presse internationale, l’interview, migration, en vidéo, par exemple. Par moment, des posts seront rédigés en d’autres langues. Quant à la périodicité, en moyenne un article sera posté chaque semaine. Ces modifications ont-elles bouleversé complètement ce blog ?

 

 

Même passion d’écrire, même rigueur d’analyse

 

 

Si des changements étaient nécessaires, nous avons cependant conservé la même passion d’écrire, autant que notre rigueur d’analyse. Autant que dans le passé nous ne publierons ni des rumeurs ni des sujets justes pour forcer votre attention, à l’instar d’un tabloïd. Comme auparavant, notre sujet d’étude est celui-ci : des faits sociaux qui impliquent nos compatriotes, qu’ils vivent là-bas au pays ou dans la diaspora.

 

 

Nous pensons que sans trop chambouler ce blog, en nous limitant à un lifting si indispensable, nous pouvons emprunter l’expression de Paul Verlaine et affirmer que dorénavant, ˮ YowaBlog ˮ ne sera ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Il ne vous restera qu’à nous juger sur pièce !

 

 

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 17:14

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http://www.unilu.ac.cd/Fr/uniluenbref/PublishingImages/logo%20UNILU.PNG

 

 

Le classement 2012 des 100 meilleures universités africaines est paru. Pour les habitués, il n y a pas eu, cette fois-ci non plus, de "bonne" surprise. Et pour cause : comme l’an passé et l’année d’avant, nulle mention des universités congolaises. D’ailleurs, à vrai dire, je ne me rappelle plus la dernière fois que je les y ai vues ces dix dernières années… N’allez pas croire que seuls les extra-terrestres y figurent car la plupart d’universités de nos voisins sont au rendez-vous : le Rwanda, l’Ouganda, la  Tanzanie, le Kenya et tant d’autres.


 

Plutôt que de s’asseoir et de chercher à savoir qui portera le chapeau de pareille responsabilité, ne serait-il pas convenable de faire face au défi et de se poser des bonnes questions, ou plutôt d’envisager les conséquences de cette cruelle situation, même si les faits sont têtus. Il y va de la crédibilité des élites formées dans ces universités-là ! Que valent nos universités ? Quelle institution étrangère saurait accorder du crédit à un diplôme universitaire "made in DRC" ? Faudrait-il encore attendre longtemps avant de voir une reforme de l’enseignement (primaire, secondaire, supérieur et universitaire) appliquée ?


 

 Nous aurions tort de penser que cela ne concerne que ceux qui fréquentent ces institutions d’enseignement supérieur aujourd’hui. Pour en imaginer la gravité, imaginez cette scène. Supposez que vous soyez avec des amis étrangers devant le classement et que subitement l’un d’eux vous dise : " quel est encore le nom de l’université dans laquelle vous aviez étudié ? " Que feriez-vous ? Que nous soyons au pays ou à l’étranger, nous sommes impliques dans cette baisse flagrante du niveau de l’enseignement. Vous trouverez le classement à ces adresses :  www.webmetrics.info et www.4icu.org

 

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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 12:07

 

http://www.laconscience.com/IMG/jpg/vunduawe_te_pemako_x200.jpg

 

 

Il est des silences qui font parler. Que cet ancien proche du Marechal Mobutu soit devenu aphone depuis la disparition de son mentor alors qu’il se trouve dans la fleur de l’âge et respire la santé est pour le moins inquiétant. Cet effacement de VTP est-il du au fait qu’il n’était au fond qu’un  de ces nombreux " politiciens d’ordonnance " qui peuplent le paysage politique congolais, ceux dont l’ascension et nombreux privilèges ne proviennent qu’à des décrets-lois ou parachutage politique plutôt qu’à un mandat électif ? A moins que cette "disparition" ne soit imputable à la personnalité haute en couleur de ce professeur d’université peu ordinaire : un esprit pointu mais un brin mégalomane !

 

Qu’il fut un politicien pas comme les autres, VTP l’a démontré à maintes reprises en défrayant la chronique. C’est à lui que l’on doit des fracassantes déclarations telles " Au Zaïre [Congo] la seule chose qui marche, c’est la sécurité ! ", ce qui lui valut un long passage à vide  et, peu avant le début de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), en 1991-1992 , il y alla par son "  On va éventrer le boa ", repris par beaucoup, depuis. Mais c’est lui qui fut accusé par Nsinga Odjwu de " s’être battu contre Nzuzi wa Mbombo " à la suite d’un différend ! Nommé ministre de l’intérieur, il se fit tailler une canne pareille à celle du maréchal qu’il brandissait (comme l’ex Président-Fondateur) pour prendre le bain des foules ! D’ailleurs, un incident survenu une trentaine d’années plus tôt sur les Cités universitaires de Lubumbashi en dit plus long encore sur l’homme.

 

Tirer leçon de l’histoire.Même si l’Histoire n’est pas un éternel recommencement, il est des faits passés dont nous gagnerions à tirer profit. L’un de ceux-ci n’est autre qu’éviter de prendre d’importantes décisions sous le coup de l’émotion, qu’elle s’exprime sous forme de joie extrême ou de furie. Puisqu’elle est par essence éphémère et troublante, ce n’est qu’après coup, lorsqu’elle s’est estompée que nous revenons à la raison. Le plus souvent pour constater que le mal était déjà fait.

 

La Bible relate (Mathieu 14:1-12) un événement ayant lieu au Ier Siècle de notre ère impliquant Hérode, un homme politique de l’époque, lors de son anniversaire de naissance. Celui-ci, fortement enchante que la fille d’Hérodiade (femme de son frère Philippe qu’il prit pourtant pour femme, ce qui lui valut les reproches de Jean le baptiseur qui fut mis en taule pour ce crime de lèse majesté) ait réjoui ses convives par ses pas de danse, fit le serment de lui " donner tout ce qu’elle demanderait ". La jeune fille, après avoir consulté sa mère (laquelle gardait une dent contre Jean), lui dit de " donner sur un plat la tête de Jean le baptiseur ". Pris au dépourvu et à contre cœur, il fit exécuter le serviteur de Dieu rien que pour tenir sa promesse !  

 

Plus prés de nous, c’est feu Laurent Désiré Kabila qui en fit l’amère expérience. Fortement ému par " la vigilance et le patriotisme " des habitants des communes de Kingasani et Ndjili, lesquels contribuèrent en partie à l’échec de la prise de Kinshasa par les rebelles de RCD en août 1998, le chef de l’Etat leur promit l’exemption des frais d’eau et d’électricité en signe de reconnaissance. Mais seulement voilà : ses conseillers lui ayant expliqué les conséquences dramatiques d’une telle mesure sur les entreprises concernées (Rigides et Snel), la promesse présidentielle resta lettre morte… Mais quelle relation cela a-t-il avec VTP ?

 

Les adieux aux Kassapards. Ce jour d’octobre 1983-1984 s’annonce comme une belle journée ensoleillée. L’amphithéâtre de la Faculté de Polytechnique est archicomble et en effervescence. Les autorités académiques et politiques et militaires de la province sont sur leur trente-et-un. Et pour cause : il s’agit des adieux à l’ancien Vice-recteur VTP nommé récemment Vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur!   Qu’une personnalité issue de l’institution d’enseignement locale soit nommé à une si haute responsabilité apparait à beaucoup comme une reconnaissance du savoir-faire local par les autorités nationales. Nombreux sont ceux qui espèrent que la désormais deuxième personnalité du gouvernement devienne leur "fidele interprète" dans la capitale ou il œuvrera désormais. Chacun y va de son " félicitations monsieur le ministre ! " au digne représentant du Campus de Lubumbashi. L’hôte du jour pour sa part jubile et n’arrête pas de sourire devant cet enthousiasme général.          

 

Soudain les yeux de M. Vunduawe s’arrêtent sur un homme âgé, court et très effacé, assis dans l’auditoire, face à lui. Il s’agit du professeur Mwabila de la Faculté de Sociologie. L’illustre visiteur ne peut se retenir tant il est au courant d’une nouvelle qui ne manquerait pas de le réjouir. Il l’interpelle alors et s’adressant à lui, il déclare, non sans une fausse modestie : " Monsieur le professeur, récemment j’ai été dans un certain bureau à Kinshasa où j’ai aperçu un décret-loi vous nommant DG de l’Institut supérieur des Etudes Sociales (ISES) de la place dans un signataire ". Tonnerre d’applaudissements dans la salle. Alors l’intéressé se leva et dans la pure tradition japonaise s’inclina devant VTP, reconnaissant. Soudain, il devient apparent que tout le monde est conquis par la baraka du tout nouveau ministre de  l’intérieur. "N’est il pas de la tribu Ngbandi, comme le maréchal?" supputent les étudiants. D’autres s’imaginent promus à leur tour. Ceux qui avaient de bonnes relations avec lui s’attendent, eux, à un retour d’ascenseur, au nom du principe contenu dans la célèbre chanson de Jacques Brassens " les amis d’abord ".

 

Quelques jours plus tard, le professeur Mwabila, sans se faire prier, prit ses quartiers à l’ISES. Mais … l’ordonnance précitée ne fut jamais signée ! Aux dires de certains, les membres de l’ANR présents dans la salle informèrent qui de droit et VTP, lequel n’avait pas que d’amis en haut lieu, appris à ses dépends qu’il " ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ". Quant au Professeur, bien sûr qu’il retourna à l’Université, toute honte bue…

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 13:19

 

http://www.afriquechos.ch/IMG/jpg/_goma_2-1_468.jpg

 

Lorsqu’une communauté d’hommes partage des années de vie sur un territoire donné, on peut s’attendre à ce que naisse parmi ses membres la conscience d’appartenir à une histoire commune, mais aussi des habitudes et reflexes spécifiques. De même, ils se reconnaitront autour des mêmes valeurs. Or c’est depuis 1885 à la Conférence de Berlin qui créa l’Etat Indépendant du Congo (EIC), propriété du roi des Belges Léopold II, que nous, Congolais, vivons sur un même espace géographique, sommes régis par les mêmes lois et soumis aux mêmes autorités politiques. Cet itinéraire commun ne peut que nous " formater " d’une manière particulière suite à l’interaction de nos liens, l’influence des uns sur les autres ou simplement à cause de la durée de ce parcours. Ainsi, au-delà de nos différences perceptibles par exemple entre cet habitant de Likasi (Katanga) et celui de Boma (Bas-Congo), ou entre un Nande d’un Otetela, qu’y a-t-il de commun ou de particulier au Congolais? Existe-t-il une spécificité congolaise? Ebauche de réponse.

 

Le Congolais est-il fâché avec les livres? En général, il est rare de trouver des livres au domicile du Congolais moyen. Bien sûr, cela ne signifie pas que les bibliothèques ne figurent pas parmi nos mobiliers ; c’est que lorsqu’elles sont disponibles, elles contiennent plutôt la vaisselle que les livres! Motif invoqué pour justifier cet apparent manque d’attrait pour la lecture: " Les livres coutent cher! " ou " Dans les conditions de survie quotidienne qui nous caractérisent, il faut bien se faire des priorités  et les livres n’en font pas partie! " A nous entendre, précarité ne rime pas avec culture…

 

Faudrait-il croire à la sincérité de ces assertions? Si oui, que dirions-nous du Congolais de l’étranger qui ne vit pas dans les " conditions de survie " ambiantes au pays? Est-il courant de trouver des livres au domicile du Congolais de l’étranger ou de le voir fréquenter les bibliothèques publiques des pays où il vit, lesquels dont l’inscription est gratuite pour la plupart? Il est clair que l’on ne peut généraliser la situation car les étudiants, les professeurs d’université et autres compatriotes actifs sur la blogosphère lisent et se cultivent. Il n’empêche, au regard de l’attitude générale face au livre, avouons qu’ils constituent une minorité.

 

D’ailleurs, un indicateur révélateur de l’ampleur du drame n’est rien d’autre que cette tendance du Congolais de citer des extraits de chansons locales pour appuyer ses arguments plutôt que de se référer à un célèbre auteur comme cela se fait sous d’autres cieux. D’où ces expressions souvent entendues chez nos compatriotes : " Simaro Lutumba ayembaki boye " [ "Lumumba Simaro avait chanté ceci" ] ou " Franco alobaki  " [ "Franco avait dit ceci" ] . Il est possible que l’on retrouve une certaine sagesse dans certaines de nos chansons, mais quel crédit devrait on accorder aux saltimbanques qui écrivent des textes de chansons avant tout pour divertir leur audience, contrairement au sérieux des auteurs de livres?

 

Le Congolais, francophone ou lingalaphone? Notre pays a beau être qualifié de " francophone " et " le premier " d’entre eux en termes du nombre d’usagers de la langue, personne n’est dupe car la réalité est à mille lieux de ces affirmations. Nous avons pratiqué la langue de Molière voilà des décennies et les institutions d’enseignement supérieurs délivrent des centaines de diplômes par an, cependant, le Français reste un luxe chez-nous à cause de plusieurs facteurs : baisse de l’enseignement, manque d’attrait pour la lecture, absence d’encouragement à la pratique de la langue, etc. Dès lors, quoique décrétée "langue officielle" et par conséquent langue de l’Administration publique, c’est la "langue de l’armée" [le lingala] qui a fini par prendre le dessus au point de devenir le point de ralliement de nos compatriotes du pays comme de l’étranger. A Cape Town par exemple, les Congolais s’identifient eux-mêmes par l’expression " Bato ya mangala " ["ceux qui s’expriment en lingala"] et ce, qu’ils proviennent du Kivu ( où le Swahili est la langue courante ) ou le Kasaï ( où l’on parle Tshiluba).


A l’arrivée de l’AFDL cependant, il s’est remarqué une nouvelle tendance : on délaissait de plus en plus le Lingala pour le Swahili, langue des "nouveaux maitres", mais celle-ci s’est révélée plutôt éphémère. L’une des raisons expliquant cette marche en arrière réside sans doute dans le fait que nos "libérateurs" semblaient vouloir imposer "leur" langue d’autorité. Ce fut une erreur car la IIème République ne nous avait pas force a utiliser le Lingala : la musique congolaise est essentiellement chantée en Lingala et le congolais l’aime bien. Ensuite les militaires, d’où qu’ils viennent, s’expriment en lingala. Enfin l’ex Président-Fondateur du MPR était un tribun et le congolais moyen prenait plaisir à l’entendre s’exprimer. Avec le temps, le congolais a fini par intérioriser le lingala et l’a accepté, malgré ses insuffisances. Cela, les AFDListes l’oubliaient, d’où le rejet du Swahili qui reste en RDC une langue secondaire…


Le Congolais, un hédoniste? Que le Congolais est fêtard, cela est perceptible dans la panoplie de fêtes que nous observons régulièrement : naissance, mariage, deuils, 40ème jour, anniversaires, baptême, collation des grades académiques, etc. La présence de si nombreux bistrots dans nos cités et quartiers  et le fait que les brasseries "Bralima" et "Unibra" figurent parmi les entreprises les plus prospères en sont d’autres raisons. A écouter la radio et télévisions une constance crève les yeux : la musique y est diffusée en boucle, de jour comme de nuit.


Avec le temps, l’hédonisme a fini par nous caractériser. Les modèles pour nos jeunes ne sont plus des personnalités morales d’envergure ni des sommités intellectuelles mais des vils artistes-musiciens. Ces mêmes jeunes qui consacrent des heures à débattre à propos de ces artistes-musiciens : à propos de la dernière marque de voiture de la Werasson, la prochaine tournée de JB Piana ou des démêlées judiciaires de Koffi Olomide. Dans nos bidonvilles autant que sur nos cités universitaires, c’est pareil.


S’il est vrai que chaque peuple du monde se divertit, il n’est pas moins vrai que c’est notre propension à passer de longues heures à palabrer ou ne rien faire (quelle qu’en soit la raison, le chômage ou autre chose) qui est alarmante. A ce sujet, feu le président Marien Ngouabi du Congo voisin enjoignait ses compatriotes qu’il jugeait "fainéants" à traverser le fleuve Congo et venir chez-nous où le slogan mobutiste " Heureux le peuple qui chante et qui danse " était de mise. A voir ce qui se passe, nous n’avons pas vraiment changé depuis…


Sommes-nous jamais gênés par le bruit? Kinshasa demeure la destination favorite des candidats à l’exode rural en RDC. Cette ville-dortoir de 7 millions d’habitants se réveille et se couche dans le bruit. Si ce ne sont pas les débits de boissons qui déversent de décibels de musique aux alentours dans une cacophonie indescriptible ou des moulins à farine qui tournent à plein rendement le jour, ce sont des veillées de prière  d’où émanent chants et bruits de tamtams qui trouvent le sommeil des populations, les  privant de toute quiétude.


C’est dans ces conditions que naissent et grandissent nos enfants, accompagnés par cette nuisance sans que les autorités, lesquelles vivent souvent dans les quartiers huppés dépourvus de pollution sonore,  s’en émeuvent. Les autres villes du pays ne sont pas mieux loties et la population fait avec malgré elle. De même, cela est notoire : le Congolais, qu’il soit dans un taxi, dans un bus ou au téléphone, seul ou entoure d’étrangers, se signale par une autre caractéristique, le bruit ! Et ce, que ce soit a Lubumbashi, Kisangani ou Pretoria. Pareillement lorsque nous taillons bavette : c’est a haute voix que nous le faisons. Le savons-nous? ( A suivre ).

 

  

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 11:43

 

http://www.radionet.cd/wp-content/uploads/2011/10/Temps-de-parole-équitable.jpg

 

 

Elle est de loin, l’émission-phare de Radio Okapi, le media 5 étoiles dans le contexte congolais : un cadre idéal, une diffusion jamais interrompue par le gouvernement, une couverture du territoire national, la connexion internet assurée, des journalistes "motivés’" … Pour se  convaincre de son impact, il n’est qu’à voir y défiler tout  le gotha politico-intellectuello-médiatique local de lundi à vendredi. Mais le problème avec "Dialogue entre Congolais" est que malgré les bonnes intentions affichées, un auditeur averti restera toujours sur sa soif à la fin de l’émission, comme une symphonie inachevée. Du coup, l’émission apparait comme un miroir, mieux un baromètre de notre parcours démocratique, avec ses avancées et ses ratées…

 

L’impartialité des journalistes suffit-elle ? Que ceux qui sont blasés de l’esprit partisan des hommes de media congolais se rassurent : en tournant le bouton sur Radio Okapi on trouvera au moins des gens qui font honneur à leur motto d’être une "radio impartiale". En principe même temps de parole aux invités et d’équilibre dans le choix des invités, absence de partis-pris chez les animateurs. C’est à faire pâlir d’envie la RTNC qui depuis des années a cessé d’être la "radio du peuple" pour devenir une "Radio PPRD" ! Soit. Mais l’impartialité est-elle le seul critère de professionnalisme journalistique ?

 

A voir comment Alain Irung s’y prend avec ses invités, nul besoin d’être très futé pour constater qu’il lui arrive de survoler le thème de l’émission par une préparation minimale au point qu’il s’en sort en se servant subtilement des arguments ou observations des uns pour en faire des questions aux autres. Exemple : "Monsieur Untel a dit ceci, qu’en pensez-vous ?" Que cela soit sporadique, quoi de plus normal, mais en faire une méthode d’interview, cela finit par lasser et trahit une préparation minimaliste !

 

Dans ces conditions, le bilan du gouvernement Muzito apparait à beaucoup  comme un succès et M. Mwando Nsimba, informateur du gouvernement devient "une forte personnalité et un homme d’expérience" ! Et pourtant, on a beau fouiller notre histoire politique, on ne trouve aucun haut fait à mettre au mérite de l’intéressé, mis à part qu’il fut un de ces caciques du mobutisme, ce qui est plutôt banal.

 

L’émission "Appels sur l’actualité" sur RFI qu’anime Juan Gomez pourrait bien nous servir de modèle. Après qu’il ait enregistré les questions, M. Gomez effectue des recherches approfondies au point de paraitre maitriser autant sa matière que le journaliste ou spécialiste invité pour répondre aux auditeurs. C’est simplement du professionnalisme. En veillant à faire de même, Alain Irung pousserait ses invites à bien se préparer, sachant ce qui les attend au cas où …

 

Contrairement à ses habitudes  (équilibre dans le choix des invités) c’est à une incongruité qu’il nous a été donne de suivre le 14/2/2012, jour de la condamnation de Thomas Lubanga, leader de FPC par la CPI. Face au représentant de parti cité il y avait deux juristes soutenant les vues de la CPI : Professeur Kabamba et M. Mushapata. Le débat était faussé. Alors que tous les media sérieux faisaient participer aussi des historiens et politologues afin d’élargir les vues des auditeurs, Alain Irung nous convia à un examen purement juridique du cas Thomas Lubanga.  Sachant que Radio Okapi est une radio onusienne et que la CPI est un organe de l’ONU, ceci explique-t-il cela ? Pouvait-il être juge et partie ? Ce fut simplement un manque patent d’objectivité de la part d’Alain Irung…

 

Ministres : entre arrogance et langue de bois. Le 12 mars dernier, le ministre Lambert Mende déclarait au "Dialogue entre Congolais" que "le bilan du gouvernement Muzito était globalement positif" et que pour cela  "seules les personnes de mauvaise foi pouvaient nier les avancées certaines". On s’attendait à ce qu’il étaye ses propos mais il se perdit en conjectures. Plus cynique que lui, tu meurs ! Combien d’emplois créés en 5 ans : 1000 ? 100000 ? 1000000 ? De quel pourcentage la pauvreté a-t-elle été réduite chez-nous ? Combien de kilomètres de routes bitumées ou de maisons sociales construites ? Silence radio. Lorsque M. Mende conclut par dire "qu’aujourd’hui il fait bon vivre au Congo qu’il n’en était il y a dix ans" sans être démenti ni par le journaliste (pour cause d’objectivité ou d’impartialité ?) ni par ses adversaires politiques (complaisance ou incompétence ?), on constate du coup à quel point nous faisons du sur-place depuis 50 ans d’indépendance.

 

Messieurs les ministres semblent s’être passés le mot : le mensonge est devenu la meilleure stratégie politique. Exemple : Alain Irung : M. le ministre, y a-t-il actuellement une crise électorale au Congo ? Réponse : Non, il n’existe pas de crise politique en RDC. Question : Donc pour vous tout va bien au pays ? Réponse : Ce n’est pas ce que j’ai dit. Certes il y a des petits couacs mais les institutions fonctionnent normalement. Dès lors, à quoi sert-il d’écouter ces excellences-menteurs ? N’ayant pas en face d’eux ni des adversaires politiques bien au fait de leurs dossiers ni acculés dans leurs derniers retranchements par les journalistes mieux préparés, il ne reste à messieurs les ministres qu’à étaler toute l’arrogance et leur suffisance de ne pas avoir des comptes à rendre aux populations.

 

Les opposants : mais où sont les "debaters " ? Ce n’est pas demain que le paysage politique congolais nous offrira des débats politiques d’envergure et d’où nous apprendrons beaucoup. Est-ce causé par la baisse de l’enseignement dans notre pays, par l’incompétence des intéressés ou par la méconnaissance des vertus de la communication politique ? A quelques exceptions près, ce sont des débats de seconde catégorie qu’il nous est donné de suivre sur Dialogue entre Congolais, comme des films de série B.

 

Ailleurs, quand un politicien est invité à un débat politique par un grand media il y met tout le sérieux possible, sachant que les retombées de l’émission sont certaines : une bonne prestation pourrait accroitre sa notoriété et lui servir de tremplin politique. Nul besoin d’une motivation supplémentaire pour mieux s’y préparer. Faire un réquisitoire du régime en place est bien facile, mais il est plus difficile d’argumenter, fournir des preuves, persuader… Sait-on la politique alternative de l’opposition dans les domaines de l’enseignement, la politique étrangère ou l’agriculture ?  En attendant que l’on y arrive, où sont ces "debaters" qui rendront ces émissions riches et intéressantes ?

 

Professeurs : rien que des appels de pied au pouvoir ? A voir ce qui se passe en RDC, la réussite pour un Professeur ne rime pas avec une reconnaissance scientifique mais plutôt… un poste ministériel ! Autrement la plupart de ces messieurs qui se succèdent chez Alain Irung ne lorgneraient pas dans une seule et unique direction : vers le pouvoir. Bien sûr, ils le font de façon si subtile qu’à priori leurs intentions pourraient être perçues pour ce qu’elles ne sont pas : innocentes. Il y a peu, le Professeur Bob Kabamba (Louvain), pourtant politologue, a jugé bon de ne se borner qu’à une simple lecture juridique de la loi pour en déduire que l’épée de Damoclès était suspendue sur la tête des députés-élus de l’UDPS "qui risqueraient de perdre leur mandat à l’Assemblée Nationale s’ils s’absentaient après certaines sessions". Feint-il d’oublier la ligne de la formation politique à laquelle ces députés appartiennent ? Peut-on à la fois décréter les élections "nulles" et envoyer ses députés siéger au sein des institutions issues de ces "élections frauduleuses" et être pris au sérieux ? JP Bemba avait-il perdu son siège de sénateur au terme du ROI du Senat après une absence prolongée ?

 

Un autre Professeur (Louvain et Butembo) soutenait récemment au cours de l’émission que "l’organisation en soi des élections était une avancée majeure", omettant volontairement d’épingler les conditions catastrophiques dans lesquelles elles se sont déroulées. Pour lui, la fin justifiait les moyens ! Plusieurs semaines plus tôt, c’était au tour de Mwabila Tshiyembe (Liège) de vouloir nous convaincre que "la CENI ne pouvait pas engager le gouvernement". A ses yeux, cette institution était bel et bien indépendante et c’est un procès d’intention qui lui est fait !

 

De cela il serait intéressant de se poser la question : pour qui roulent ces Professeurs ? Quoiqu’il en soit, il est difficile de falsifier notre histoire commune, notre pays comptant aussi des intellectuels qui agissent comme des vigiles… Hier déjà, feu General Mayele se gaussait de "la République des Professeurs", allusion à un gouvernement sous Mobutu composé exclusivement des technocrates qui ne réussirent pas à nous sortir de l’ornière. Ces apparents appels de pieds faits au gouvernement semble indiquer qu’ils n’ont pas tire la leçon du passé.

 

Où sont les étudiants ? Si vous êtes de ceux qui se plaignent de ne pas apprendre grand-chose sur la blogosphère congolaise (à part les rumeurs, injures et réquisitoires à l’égard du gouvernement qui s’y trouvent), vous resterez sur votre soif en écoutant les commentaires envoyés à "Dialogue entre Congolais" par les auditeurs (sms, mails ou appels). Avouons-le, ils sont plutôt plats et banals car venant de l’homme de la rue… On a beau chercher les étudiants de nos universités mais ils sont pointés aux abonnes absents.

 

Les universités de Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani ayant des Facultés des sciences sociales (Sciences politiques, diplomatie, Droit, Sociologie etc.) il serait mieux de tout faire, même délocaliser certaines émissions dans des amphithéâtres des cités universitaires pour les faire participer à la vie publique de leur pays. Peut-on prétendre être intellectuel et ne pas suivre la marche quotidienne de son  pays ? Il est curieux qu’une émission éminemment politique ne les interpelle pas. Alors que les universités congolaises ont déserté les "classements annuels des 100 meilleures universités africaines", il y a de quoi s’alarmer.

 

 

A cause de la mauvaise foi des politiciens au pouvoir (arrogance et volonté délibérer de mentir), du manque de maitrise de dossiers par les opposants et du désir de certains Professeurs de se servir de l’émission comme un tremplin politique, sans oublier une préparation approximative des animateurs, la vérité transparait rarement de   "Dialogue entre Congolais" . Du coup l’émission n’est plus ou moins qu’un miroir grossissant de notre enlisement démocratique : nous disposons pourtant des atouts mais pataugeons. Cependant, mieux préparés, les intervenants (journalistes et invités) contribueraient à l’éclat de notre jeune démocratie. Aborder aussi des thèmes à même d’interpeller les étudiants congolais les aiderait-ils à sortir de leur torpeur ?

 

 

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16 mars 2012 5 16 /03 /mars /2012 14:54

 

 

http://www.atlasinfo.fr/photo/art/default/3532149-5088050.jpg?v=1323470642

 

Circulez, il n y a rien à voir ! Ni les nombreuses allégations de "fraudes massives" ayant émaillées les élections présidentielles et législatives du 28/11/2011, ni la déclaration des évêques catholiques (CENCO) qualifiant le scrutin de "honte", ni le Rapport final de la Fondation Carter qui le trouve "pas crédible", ni même le fait qu’ environ 70 jours après la prestation de serment par le président-élu un nouveau gouvernement n’est toujours pas en place ne semblent émouvoir le moins du monde Joseph Kabila. Au contraire, ses partisans, imperturbables, défilent réciter leur oral à l’émission de la station onusienne Radio Okapi "Dialogue entre Congolais" : "Il n’existe pas de crise politique en RDC puisque", déclarent-ils, "les institutions fonctionnent normalement" ! Les tentatives de l’opposition d’impliquer la communauté internationale ayant accouché d’une souris, le contentieux né des dernières élections est devenu une crise à huis clos, sans témoins extérieurs. Voyons-en les raisons.


Une loi électorale prémonitoire ? Avant les élections, l’opposition avait formulé la requête de voir accordée à la MONUSCO la responsabilité de certifier les résultats des élections, à la manière du rôle dévolu à la MONUCI en Côte-D’ivoire l’an passé. Sans surprise, c’est une fin de non-recevoir qui lui fut réservée. Raison officielle invoquée : "refus de brader notre souveraineté nationale". Venant de la part d’un gouvernement prompt à solliciter et à recevoir de l’aide de la part des partenaires extérieurs, seuls les naïfs pouvaient croire à la sincérité des sentiments. Cette hypocrisie des autorités cachait à peine leur intention de procéder au tripatouillage électoral, ce qui fut d’ailleurs confirmé plus tard à la lecture de nombreux rapports des observateurs impliqués dans ledit processus.


Avec une CENI largement acquise à la cause du pouvoir et la Cour Suprême de Justice (CSJ) dont même l’ancien candidat présidentiable Kengo wa Dondo admettra sur RFI qu’il y a "déjà longtemps qu’elle avait perdu son indépendance face au gouvernement", la messe était dite pour l’opposition. Ȏ cynisme, la seule "concession" accordée à la MONUSCO se limitera à la logistique (c.-à-d. au transport du matériel électoral). Même là, les dés semblaient pipés car l’ONG International Crisis Group (ICG) reprochera à l’ONU de "ne pas s’être assuré à l’avance si les bulletins étaient pré-cochés ou non". Complicité ou négligence ? Quand on se rappelle que le 26/11/2011, dernier jour de campagne électoral, M. Meece, représentant de l’ONU à Kinshasa était étonnamment silencieux alors que le candidat Tshisekedi était encerclé par la Police à l’aéroport de Ndjili sur ordre de son rival J. Kabila, on ne peut que se demander : ceci explique-t-il cela ?


Les limites diplomatiques de Tshisekedi. Le formidable aura dont jouit E. Tshisekedi ne provient ni de l’exercice d’une fonction politique quelconque ni de l’appréciation de la communauté internationale. Au contraire, c’est le fait de sa détermination, son courage et sa constance face aux régimes politiques dont la brutalité et la corruption sont un mode de gouvernement. Cependant, ce qui fait sa force (sa capacité de mobilisation interne) fait aussi sa faiblesse. A force de se concentrer sur les rapports de force avec le pouvoir en place, il a fini par méconnaitre le rôle vital des partenaires extérieurs. Aussi la diplomatie a toujours joué un rôle secondaire à l’UDPS.


Pendant longtemps, le Sphinx de Limete s’est mure en sa résidence de l’avenue Pétunias, fréquentant et voyageant peu. D’ailleurs, ce sont des ambassadeurs occidentaux qui défilaient chez-lui. Dès lors on ne peut s’étonner de l’étroitesse de son carnet d’adresses. C’est certain que les amis politiques occidentaux de Tshisekedi ne sont pas nombreux. Encore que c’est euphémisme ! Et pourtant, Alors que Nelson Mandela était cloitré à Robben Island c’est Oliver Tambo qui dirigeait l’ANC à partir de Lusaka, gagnant toujours plus de soutiens occidentaux qui furent pression sur le pouvoir raciste Blanc. Même Laurent Gbagbo comptait de nombreux amis, lui dont le parti était membre de l’Internationale Socialiste. Aujourd’hui l’isolement diplomatique dont souffre Tshisekedi n’est que conséquence normale pour avoir longtemps ignoré les vertus de la diplomatie.


En Afrique, le gagnant gagne tout et le perdant perd tout. Sur 500 sièges disponibles au Parlement, combien en a récolté le PPRD et ses alliés : 300 ? 350 ? 400 ? Plus ? "Puisque la majorité absolue à l’Assemblée Nationale est de 280 députés, pourquoi la plateforme présidentielle ne s’est-elle pas contenté de l’essentiel mais au contraire a voulu ‘une majorité très majoritaire’ au point de vouloir tout rafler et de ne laisser que des miettes à l’opposition ?" s’interrogent nombre d’observateurs avertis, sûrs que la plupart de députés furent "nommés" par la CENI.


 La réponse tient dans cette analyse du psychanalyste algérien Abdallah Bouhamid lequel, réfléchissant sur les appétits illimités des dirigeants autoritaires qui nous gouvernent écrivait : "un être tyrannique est a tout point semblable  à un enfant qui n’a jamais quitté la phase égocentrique de sont comportement psychologique et intellectuel. Il veut tout pour lui et ne veut partager avec personne".


Cette assertion ne fait que lever le voile sur la raison pour laquelle les propres frère et sœur du chef de l’Etat congolais se sont fait "élire" députés, eux qui ont déjà tout et auxquels on ne refuse rien. Pas étonnant aussi que feu Katumba Mwanke, déjà Conseiller spécial de M. Kabila et ambassadeur venait, lui aussi (ou encore !) d’être "élu" au Parlement. En avait-il vraiment besoin, lui qui était  "la seule personnalité qui pouvait entrer chez le Président de la République sans rendez-vous" ?


La classe politique est-elle à la hauteur ? C’est face aux défis importants, pendant les périodes de crise que se révèlent de grands hommes. Le General de Gaulle l’a démontré lors de son fameux "Appel de Londres" qui réveilla le sursaut des Français alors que leur territoire était occupé par les troupes allemandes. Nelson Mandela l’a prouvé lui, alors qu’il prit seul l’initiative, du fond de sa prison de Cape Town, de contacter le gouvernement raciste Blanc en vue de préparer le terrain aux négociations  visant à mettre fin l’apartheid. Ces pas importants qu’ils firent n’étaient pas sans déchirements ni sacrifices. Pour Mandela par exemple, il y avait le risque d’être qualifié de "collabo" ou "traitre" par ses pairs de l’ANC exilés à Lusaka. Il n’empêche, leur courage et détermination débloquèrent des crises et firent avancer le monde. Et ils entrèrent dans l’Histoire par la grande porte.


En RDC par contre on célèbre l’immobilisme, sans se préoccuper le moins du monde des "dommages collatéraux" de la crise sur les 90% de la population qui ne fait déjà que survivre avec moins de 1 $ par jour. Les protagonistes campent chacun dans son camp, l’un sûr de "la légalité" de son pouvoir, l’autre se targuant de "la légitimité" de sa démarche. Entretemps le pays se trouve dans une voie sans issue.


Recherchons … Société Civile congolaise ! Un demi-siècle après l’accession de notre pays à l’indépendance, le nombre d’universitaires ne se compte plus, Professeurs d’université et chercheurs foisonnent. Mais la quantité de ces derniers implique-t-elle la qualité de notre Société civile ? Au pays, seules les ONG des droits humains (Azadho, VSV, JED, FIDH, etc.)  donnent de la voix. Mais rares sont les occasions où il nous est donné d’entendre les échos de la recherche en sciences sociales à travers les solutions que nos universitaires proposent aux multiples crises qui sévissent chez-nous. Preuve par quatre que nous avons beaucoup à faire – et que la qualité de notre recherche laisse à désirer – nos universites ne figurent pas depuis plusieurs années déjà dans le classement annuel des 100 meilleures universités d’Afrique ! 


Depuis le début du contentieux électoral actuel, de nombreuses organisations ont tour à tour proposé des pistes de solutions. Mais rien n’est venu de la part de ces nombreux analystes politiques ou Professeurs-politologues. Souvent d’ailleurs, quand ceux-ci défilent sur les plateaux de télévision là-bas à Kinshasa ou à  l’émission de radio "Dialogue entre Congolais", c’est plus pour soutenir l’insoutenable ou faire des appels de pied au gouvernement, ces tribunes leur servant de tremplin politique ! L’adage selon laquelle "on n’a que la classe politique que l’on mérite" n’a jamais été aussi véridique. Mais faudrait-il dédouaner les universitaires ? 

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 15:36

      http://www.ledevoir.com/images_galerie/d_83146_72149/image.jpg

" Désormais les jours des dictateurs africains sont comptés ! ", " La peur change de camp ! " Tels étaient quelques uns des titres qui s’affichaient à la "Une" des journaux africains alors que s’écroulaient, sous les coups de boutoir de leurs populations en furie et à la stupeur générale, les régimes tunisiens, égyptiens et libyens. En ce début d’année 2012 s’est commémoré le premier anniversaire du Printemps arabe et pourtant, sur le continent africain, "les dictatures" ne se sont jamais bien portées. Quant à "la peur", elle demeure toujours dans le seul et même "camp", celui des gouvernés. Question : qu’est-ce qui empêche l’effet domino de ces soulèvements observés récemment en Afrique du Nord ?


Les raisons à la base de cette effervescence politique sont connues : chômage chronique des jeunes, arrogance des dirigeants et leur famille, corruption généralisée du système, manque d’alternance politique, manque de confiance dans la classe politique, etc. Ces problèmes se posent non seulement partout ailleurs sur le continent Noir mais souvent avec plus d’acuité qu’ils le furent en Afrique du Nord. En théorie, on se serait attendu que tous les régimes africains, vieux et corrompus s’écroulent les uns après les autres, comme un château de cartes. Mais il n’en fut rien. Les motifs sont variés.


Peur de la répression policière. Tout se passe comme si les dirigeants qui se succèdent en RDC se passaient les uns des autres les recettes relatives à leur maintien au pouvoir. L’une d’elles est la systématique répression policière. Puisque la mauvaise gouvernance semble être le système de gestion local, ce ne sont pas les mécontents qui manquent. Et pourtant il s’observe une panne de la mobilisation de la rue. Mais pour Valentin Mubake de l’UDPS, la raison n’est pas à chercher loin : " C’est puisqu’à chaque fois que la population manifeste pacifiquement contre le gouvernement, la Police tire à balles réelles et fauche des vies innocentes ". C’est donc la peur de servir de chair à canon aux Forces armées prêtes à étouffer dans l’œuf toute contestation qui empêche toute velléité de revendication politique.


Baisse du niveau de l’enseignement. La relation entre le niveau d’instruction des masses et la prise de conscience politique n’est plus à démontrer. Le peu d’empressement manifesté par les autorités coloniales pour l’instauration  des institutions d’enseignement supérieur  cachait mal l’appréhension de voir arriver une élite  responsable, consciente et politisée, c'est-à-dire revendicative. Si tout était fait pour retarder l’avènement des universités au Congo Belge, par contre d’autres institutions étaient disponibles, telles les écoles d’infirmiers ou d’enseignants, y compris des grands séminaires théologiques.


A présent que les universités sont libéralisées en RDC, plusieurs facteurs expliquent pourquoi elles sont inopérantes : baisse générale du niveau de l’enseignement, absence d’examen d’admission et des bibliothèques, les élèves autant que les étudiants sont surchargés de cours, souvent facultatifs dans d’autres pays, six jours par semaine, accès à l’internet onéreux, les cités universitaires sont un milieu tribalisé et politisé, la paupérisation des congolais fait que les étudiants survivent plus grâce aux mutuelles tribales très présentes dans des universités ; cet esprit d’entraide tribal prépare l’étudiant à être redevable envers la tribu plutôt qu’à son université. La méthode d’enseignement laisse peu de place à la réflexion et accorde la priorité à la mémorisation. La corruption sévit sur les universités pour la même raison qu’elle l’est dans le reste de la société congolaise : à cause de la crise morale majeure que traverse le pays depuis des décennies.


Tous ces facteurs contribuent à faire de l’étudiant congolais un intellectuel douteux, moins équipé pour un travail d’universitaire : sa lecture d’événements est souvent tronquée parce que tribalisée et donc biaisée. Il est "formaté" pour subir les événements plutôt que pour  les anticiper. D’ailleurs ses priorités sont simples : mettre le plus vite possible à une vie cauchemardesque d’étudiant en se concentrant sur ses études… et sur rien d’autre ! Cela ne nous surprend pas de ne pas voir apparaitre aucune de nos universités dans le classement annuel des 100 meilleures universités d’Afrique.


Absence d’un puissant véhicule médiatique. Très populaire dans les pays arabes, la chaine qatarie "Al Jazeera" a joué un rôle de premier plan lors du Printemps arabe. Les événements les plus importants sont présentés en "live" et diffusés en boucle, avec un effet multiplicateur certain. D’autre part, cette chaine est la meilleure tribune d’où s’expriment tous les leaders arabes, qu’ils soient au pouvoir, terroristes ou dans l’opposition. Qu’en est-il de nos media ?


En RDC, seule la radio onusienne  Radio Okapi est celle qui bénéficie d’une couverture large sur l’étendue du pays. Elle est une radio communautaire dont la ligne éditoriale est résumée dans son slogan de "radio impartiale". Quant au reste de media qui présente une autre information que celle officielle, leur audience est très réduite à cause de son rayon d’action limité. Par ailleurs, ils sont régulièrement victimes de multiples interdictions de diffuser de la part du gouvernement.  Quant aux journaux en ligne (d’obédience de l’opposition), ils souffrent des mêmes faiblesses : manque de professionnalisme car ils privilégient le sensationnalisme et sont très partisans. L’internet étant encore un luxe en RDC, l’accès à ces sites est toujours très réduite.


Contrairement à Al Jazeera dont le professionnalisme pousse les journalistes à prendre d’énormes risques, les cas sont rares ou les hommes de media congolais prennent des images (photos ou vidéo) des violations des droits humains dont ils accusent les autorités. Cette carence ne peut qu’arranger la Police Nationale et le Gouvernement qui continuent à se cacher derrière "    l’absence des preuves des accusations "pour continuer à brutaliser impunément les populations civiles.


Absence d’une large classe moyenne. Avec une économie dont tous les clignotants sont au rouge (balance de paiement déficitaire, inflation a deux chiffres, chômage très croissant corruption tentaculaire), plus de 90 % de nos compatriotes vivant la-bas au pays ne font que survivre. Quand on y ajoute la présence d’une classe politique engagée dans une course effrénée vers l’enrichissement illicite, la présence de deux catégories sociales – les riches et les pauvres – s’explique. Entre les deux, les membres de la classe moyenne sont très peu nombreux, la plupart des cadres ne disposant pas de salaires leur permettant de nouer les deux bouts du mois. Puisque Les provisions alimentaires pour des jours difficiles manquent, tenir deux ou trois jours de manif est simplement mission impossible.  (A suivre).

 

 

 

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 14:42

 

http://www.hirondelle.org/wp-content/uploads/2011/10/Vital-Kamerhe.jpg

A moins que n’émerge d’ici-là un dauphin de Tshisekedi ou que ne soit libéré JP Bemba, ce qui pourrait changer la donne, V. Kamerhe demeure, au moins sur papier, le probable candidat naturel de l’opposition en 2016 face à …J. Kabila ! En effet, il n’est un secret pour personne que la majorité absolue à l’Assemblée Nationale "offerte" par la CENI à la plateforme présidentielle vise entre autres choses une révision constitutionnelle supprimant la limitation des mandats présidentiels. Mais en réalité, si M. Kamerhe peine tant a convaincre beaucoup qu’il est réellement celui qu’il prétend être – c.-à-d. un vrai opposant – c’est puisque sa gestion du court terme est en contradiction avec ses objectifs à long terme.

 

Le Sud Kivu seul ne peut le propulser au pouvoir. Avec environ 264 ethnies, la RDC n’a rien de semblable avec des pays à tribu majoritaire tels le Burundi et le Rwanda (avec les Hutu), le Zimbabwe (avec les Shona) ou le Sud Soudan (avec les Dinka). Dès lors, il est illusoire, sinon contre-indiqué pour un politicien de faire jouer son origine ethnique afin d’être propulse au pouvoir. Par contre, à cause de l’émiettement sociologique du pays, quiconque aspire à un destin national se doit de ratisser large et séduire hors de son fief.

 

Mais que voit-on ? A la manière de Nguz-a Karl-i Bond dans le passe avec son "Katanga Yetu", M. Kamerhe se sert aujourd’hui du Kivu comme d’une chasse-gardée qu’il oppose à ses rivaux politiques sans en calculer les conséquences politiques à long terme. Sa déclaration en mai dernier sur RFI selon laquelle "Tshisekedi a un contentieux avec le Kivu qui n’est pas encore réglé" est un exemple. Pour un présidentiable, si de tels propos ont l’avantage de souder ses partisans autour de lui, hors du Kivu cependant, ils peuvent contribuer à lui aliéner des appuis.

 

Donner des gages de rupture avec J. Kabila. De toute évidence, dix ans de collaboration étroite avec l’homme fort de Kinshasa ne s’effacent pas comme par une baguette magique. Quoique passé à l’opposition depuis plus d’un an, le flou demeure dans l’opinion des sympathisants des partis antigouvernementaux quant aux relations (réelles ou supposées) qu’entretiendrait M. Kamerhe avec son ancien mentor. Cette opacité n’est pas un atout car s’il tient à devenir le "candidat naturel" de l’opposition un jour, son ancrage au sein de l’’opposition ne doit faire l’’ombre d’aucun doute.

 

Aussi, pour avoir connu M. Kabila et le PPRD de l’intérieur, on attendait de lui des critiques consistantes, si pas des révélations importantes. A la place, on n’entend de M. Kamerhe  que des remarques cosmétiques à l’ endroit du pouvoir. Qu’il ait envoyé "ses" 17 députés siéger au Parlement sans poser aucun préalable au gouvernement amène ses critiques à se demander s’il n’est qu’un "opposant proche de Kabila"…

 

Lever le doute sur … son identité ! La controverse autour de son identité est un autre boulet que traine le leader de l’UNC. Est-il réellement citoyen congolais ? Beaucoup en sont certains. Mais ceux qui émettent des doutes se basent sur l’’objection – très valable d’ailleurs – formulée par M. Honoré Ngbanda, président de l’Apareco. D’après lui, Kamerhe ayant obtenu sa licence en économie en 1987 alors qu’était en cours la politique mobutiste du "Recours à l’Authenticité", la présence de son prénom "Vital" sur son diplôme indiquerait qu’il se serait fait enregistrer comme … étranger,  aucun citoyen congolais ne pouvait utiliser son prénom dans un document officiel établi au pays !

 

Mais que les kivutiens soient moins regardants sur ces allégations contre "un fils du pays", cela ne peut que se comprendre. Mais peut-on en dire autant de tous les autres compatriotes ? On en doute, quand on connait notre tendance à prêter le flanc à toute sorte de rumeur. Récemment encore, un ancien ambassadeur Français à Kinshasa n’a pas porté des gants sur RFI pour qualifier notre pays "la République des rumeurs" !

 

Dès lors, pourquoi M. Kamerhe n’imiterait-il pas le président américain Barack Obama qui, après que des rivaux politiques aient contesté formellement son lieu de naissance a, plutôt que de les ignorer, fait publier sur le site web de la Maison Blanche le fac-similé de son attestation de naissance, ce qui mit fin  à la polémique ?

 

Se réconcilier avec Tshisekedi et éviter le retour d’ascenseur de l’UDPS. Compte tenu du poids sociologique de l’UDPS (c’est le parti le plus populaire) et la frustration endurée par les sympathisants du parti (incapable de conquérir le pouvoir en 30 ans d’existence), quiconque aspire à représenter l’opposition devrait, à défaut de composer avec Limete, passer au-dessus de cette formation politique. Mais à l’heure actuelle, cette dernière hypothèse est peu réaliste.  

Or les relations entre Tshisekedi et Kamerhe sont exécrables. A Limete, beaucoup pensent que " la candidature de M. Kamerhe aux dernières présidentielles faisait partie de la stratégie de J. Kabila de prendre des voix à l’opposition". D’autre part, les justifications présentées par le leader de l’UNC pour justifier ses absences aux rendez-vous avec Tshisekedi en octobre 2011 n’ont pas convaincu tout le monde. "C’était fait à dessein pour torpiller les efforts visant l’union de l’opposition et faire accréditer la thèse officielle selon laquelle l’opposition était divisée", nous a déclaré un membre de l’UDPS.

 

Comme on le voit, les griefs des combattants à l’ endroit de M. Kamerhe sont nombreux. A moins d’une réconciliation entre les deux hommes, le retour d’ascenseur de "la fille ainée de l’opposition" signifierait  une catastrophe électorale certaine pour M. Kamerhe.

 

Aurait-il pris conscience des dégâts que sa stratégie à court terme causerait sur ses propres ambitions politiques à long terme ? Toujours est-il que ses tentatives récentes de "faire l’avocat de Tshisekedi" tant devant la Cour Suprême de Justice (CSJ) que son lobbying lors du Sommet de l’UA a Addis-Abeba en janvier dernier ont été perçues comme une volonté de se concilier les faveurs de Limete. Cependant, que beaucoup reste à faire, on n’a qu’à voir la position des deux partis politiques quant a l’actuelle législature: l’UNC siège au Parlement tandis que l’UDPS prône le boycott.

 

C’est donc un parcours de combattant qui attend l’enfant du Kivu s’il tient réellement à revêtir les habits très convoités du candidat de l’opposition aux présidentielles le moment venu. Personne ne doute qu’il en a des atouts : il est jeune, dynamique et expérimenté. Mais en attendant, il semble comme embarqué dans une étrange stratégie d’autodestruction à cause de ses propres positions politiques si … contradictoires ! 

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